Décédé soudainement le 20 mars dernier, Khaled Bakir restera à jamais dans nos mémoires.
Francophone et francophile, M. Khaled Bakir a, 18 ans durant, défendu de toutes ses forces l’un des derniers bastions de la francophonie en Egypte. Avec peu de ressources humaines et financières, mais surtout avec une ferme détermination, il a réussi à maintenir Le Progrès Egyptien, quotidien plus que centenaire, comme une fenêtre ouverte sur le quotidien de l’Egypte et des Egyptiens.
C’est en 1982 qu’il a pris la responsabilité du Progrès Egyptien et de l’hebdomadaire le Progrès Dimanche succédant à feu Chafik Shamas, comme rédacteur en chef. Il gardera ce poste jusqu’en 2002. A son départ, le quotidien était informatisé.
Ancien élève des pères Jésuites, il en était très fier. M. Bakir connaissait la valeur des choses, de l’histoire des lieux, des archives, et surtout celles des personnes. C’est ainsi que grâce à sa finesse d’esprit, sa courtoisie et son amabilité il avait réussi à maintenir dans son équipe de grands noms de la presse francophone en Egypte comme Amal Choukri Catta, Katia Sabet, Marie Ghadban et bien d’autres. Elles ont toutes continué à collaborer avec lui.
Mais surtout avec feu Père Viaud, un prêtre Français des Missions Africaines, dont la coopération a été la plus longue. Les deux hommes bien que de générations différentes s’étaient liés d’une complice amitié.
Khaled Bakir rêvait de laisser Le Progrès Egyptien, le jour de son départ, jeune malgré son âge. Aujourd’hui, la nouvelle rédactrice en chef ainsi que son équipe de journalistes ont été formées par lui.
Durant ses longues années à la tête de ce quotidien, il a vu défiler des centaines de jeunes stagiaires, jeunes gens et jeunes filles, dont beaucoup ont fait leur chemin dans la presse, la traduction, ou encore la littérature. Pour la dizaine de jeunes journalistes coopérants français qui ont atterri au Progrès, ce grand labo de la presse a été un tremplin. Ils ont tous fait une carrière internationale et sont aujourd’hui de grands noms dans la presse française.
Khaled Bakir a toujours gardé grand ouvertes les portes de son « école de journalisme », son œil bienveillant suivait l’évolution de chacun des journalistes en herbe. M. Bakir refusait constamment les idées trop audacieuses, les ambitions trop exigeantes, de quoi laisser perplexes ces jeunes pleins de rêves et d’ambitions. Il a toujours inscrit sa ligne directrice dans la durée : faire peu, mais bien, dans la limite des moyens du journal. Pour s’en défendre il disait : « Les journalistes ne restent pas. Je n’ai pas les moyens financiers de les retenir. Il m’est arrivé au cours des ans de devoir préparer seul toutes les pages du journal ».
Derrière son allure de dandy désœuvré, se cachait un homme, un grand timide, très attentif et très sensible. Au terme de ses longues années au Progrès, il avait réussi à s’imposer en vrai maître des lieux. Très complice et amical avec ses collaborateurs les maquettistes, les correcteurs, il a aussi réussi avec son naturel avenant à gagner leur amitié. Abdallah Djibo, le correcteur en chef des lieux, est un témoin vivant des années Bakir au Progrès. Pince sans rire ce dernier taquinait Abdallah en lui disant : « Toi tu nous enterreras tous. » Djibo riait amusé en répondant : « Tamam ya raïs ».
Jalons
- Naissance en septembre 1951.
- Rédacteur en chef du Progrès Egyptien et du Progrès Dimanche de 1981 à 2002.
- Chef du bureau de presse Egyptien à Paris dépendant de l’organisme général de l’information, de 2002 à 2007.
- Président du centre de formation des journalistes relevant du Conseil consultatif « Magless al choura ».
- PDG du groupe Dar el Tahrir.